31/12/2007
19/12/2007
La maladie de sachs, de Martin Winckler
Bruno Sachs est médecin à Play depuis quelques années déjà. Dans son bureau on voit passer les vieux, les vieilles, les femmes angoissées et leurs enfants, les papas et maris inquiets. Ceux qui souffrent physiquement, ceux qui ont mal à l'âme, ceux qui n'en peuvent plus, ceux qui veulent y croire, ceux qui le font croire...mais qu'en est-il du médecin? Après avoir lu ce livre on n'est plus le même patient, c'est bouleversant et édifiant, on rit souvent de la mesquinerie et de la méchanceté des gens et des médecins aussi...on apprend beaucoup sur les hommes et leurs souffrances, et sur les moyens et surtout la manière de les soulager.
Petits extraits:
"Qu’est ce qui ne va pas ?
J‘ai mal au ventre.
Je perds mes cheveux.
J’ai une verrue.
Je vois plus d’un œil.
J’ai la tête qui tourne, ça serait pas la tension ?
J’ai mal au dos.
J’ai toujours soif.
J’ai mal au pied.
Ca me gêne de vous le dire mais j’au une douleur mal placée.
Je peux plus bouger.
Je saigne.
Je n’en peux plus.
J’ai un truc là, dans la bouche.Ca me fait peur.
Pourquoi venez-vous me voir ?
Parce que je ne sais plus quoi faire.
Parce que ça fait trop longtemps que ça dure.
Parce que ça ne peut plus durer.
Parce que je n’ai pas trop le choix, si ça ne dépendait que de moi, vous savez, les médecins, moins j’en vois, mieux je me porte.
Parce que ma mère/mon père/mon patron/ma patronne/mon mari/ma femme/mon fils/ma fille/mes petits enfants/mes voisins/tout le monde m’a dit de venir, mais franchement, moi je sais que je n’ai pas besoin de médecin, c’est pas parce que je suis fatiguée que je vais mal, et puis, il faut bien mourir de quelque chose.
Parce que j’ai un rappel de vaccin à faire. Ca va faire mal ?
Parce que j’ai encore besoin de quelques séances de massages, ça m’a fait du bien et le kiné m’a dit que je pouvais vous en redemander, c’est vrai que j’ai moins mal, même mon mari me trouve plus détendue.
Parce que je suis pas retourné à la caserne hier, j’ai appelé pour dire que j’étais malade mais en fait je vais bien et j’ai besoin d’un papier.
Parce que j’ai peur que mon mari ait quelque chose de grave et qu’il n’ait pas voulu me le dire, alors j’ai décidé de vous le demander à vous mais bien sûr je lui dirai pas que je suis venue vous voir, vous pouvez me faire confiance !
Parce que j’ai grossi.
Parce que j’ai maigri.
Parce que je ne dors plus.
Parce que je dors sans arrêt.
Parce que je supporte plus mes gosses.
Parce que mon père m’a frappée.
Parce que je pleure tout le temps.
Parce que j’ai des mauvaises idées.
Parce que je n’ai plus d’éther à la maison.
Parce qu’avec ma femme/mon mari/ma fille/mon fils/ma mère/mon père/ms frères et sœurs ça ne va plus du tout, surtout depuis la succession de ma grand-mère.
Parce que j’en ai marre de me crever le cul pour rien.
Parce que je n’ai que trente ans mais j’ai déjà mal partout.
Parce que j’ai déjà quarante ans et je commence à m’inquiéter.
Parce que j’ai passé la cinquantaine et il serait temps.
Parce que j’ai presque soixante ans et je voudrais que ça continue.
Parce que j’ai soixante-dix ans passés et mon fils se fait du souci.
Parce que j’ai bientôt quatre-vingt ans et je veux mourir chez moi.
Parce que j’ai quatre-vingt dix ans et vous savez, j’en ai marre de vivre.
Qu’avez-vous ? Eh bien, je ne sais pas, c’est à vous de me le dire ! Moi, je ne suis pas médecin."
_____________________________________________________________________
_____________________________________________________________________
« Je ne veux plus le voir : la dernière fois, il a refusé de me prescrire mon médicament contre le cholestérol. Il dit que ça ne sert à rien et que c’est dangereux. Mais enfin, si les médicaments faisaient plus de mal que de bien, les docteurs n’en prescriraient pas ! Il dit que le cholestérol c’est moins grave que mon asthme et les cigarettes. Mais moi, je ne lui demande pas d’arrêter de fumer, je lui demande de soigner mon cholestérol. L’autre jour, il a dit : Moi je ne soigne pas le cholestérol, je soigne les gens, à votre âge vous avez tout le temps de mourir d’autre chose que du cholestérol. J’ai dit : Bon, si c’est tout ce que vous me souhaitez, et je suis parti. Non mais ! Pour qui il se prend ? Je sais quand même mieux que lui de quoi j’ai besoin. C’est qui le malade ? »
Ce roman a été adapté avec talent au cinéma par Michel Deville, avec Albert Dupontel dans le rôle du médecin. Je vous le conseille fortement!
Ce roman a été adapté avec talent au cinéma par Michel Deville, avec Albert Dupontel dans le rôle du médecin. Je vous le conseille fortement!
07/12/2007
05/12/2007
No Kids: quarante raisons de ne pas avoir d'enfant
Un ouvrage très drôle (un peu inégal du point de vue de l'humour cela dit) de Corinne Maier qui nous explique pourquoi il est préférable de ne pas avoir d'enfants.
Extraits :
Un ouvrage très drôle (un peu inégal du point de vue de l'humour cela dit) de Corinne Maier qui nous explique pourquoi il est préférable de ne pas avoir d'enfants.
Extraits :
L’accouchement, une torture.
Les joies de l’accouchement sont une intox totale. Sauf pour certaines femmes, dont le corps, probablement, est profilé sur le modèle du tube, l’accouchement fait mal, Très mal, même. Certes, les secours de la péridurale (anesthésie locale) sont d’une grande aide, mais même comme ça, accoucher est loin d’être une partie de plaisir. Personnellement, accoucher est ce que j’ai vécu de plus douloureux, de toute mon existence, il est vrai assez protégée. Les femmes qui disent « l’accouchement a été le plus beau moment de ma vie » me sont suspectes : depuis que j’ai accouché, je sais qu’elles mentent. Certaines, plus prudemment, déclarent : « je ne me souviens de rien », ce qui signifie souvent « Je ne veux pas en parler ».
La réalité, c’est qu’accoucher dure des heures, parfois une journée entière, qu’on est immobilisée comme un gros scarabée avec un tuyau planté dans le dos, que les contractions donnent l’impression que le ventre va éclater de l’intérieur …Un accouchement, c’est de la douleur, du sang et de la fatigue (et du caca aussi, parait-il, mais ça, c’est un cadeau pour la sage-femme ou le médecin)[…]
Mais le pire commence après l’accouchement. Le sentiment d’épuisement. Les plis sur un ventre qui ne sera jamais plus celui d’une jeune fille. Le face-à-face avec un brouillon d’être humain dont on va être responsable pendant d’interminables années. Michel Houellebecq évoque, dans « la possibilité d’une île » le « dégoût » légitime qui saisit tout homme normalement constitué à la vue d’un bébé. » En effet, un nourrisson qui vient de naître est laid à faire peur : face rougeaude et bouffie, traits inexistants, regard voilé d’une taie bleuâtre, tout en lui devrait nous inspirer la répulsion. Les jeunes parents, de plus en plus nombreux à orner leurs faire-part de naissance de photos de leurs rejetons, n’ont pas l’air de s’apercevoir qu’ils sont les seuls (avec leurs propres parents) auxquels ce type de clichés fait plaisir.[…]
Gardez vos amisC’est bien connu, l’amour rend bête. L’amoureux qui parle de sa dulcinée pendant deux heures d’affilée, en énumérant ses qualités et citant ses bons mots, saoule tout le monde. Il en est de même du parent ébloui, admiratif devant le produit de ses entrailles, qui lasse son entourage par un excès de dévotion parentale. Oui, celui-là même dont Courteline disait : « Un des plus clairs effets de la présence d’un enfant dans un ménage est de rendre complètement idiots de braves parents qui, sans lui, n’eussent peut-être été que de simples imbéciles. »
Le désastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n’est plus Evelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d’Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu’il est arrivé chez Evelyne et Jacques. Le parent émerveillée fait circuler sur internet des photos de famille mièvres, montre à qui veut (et qui ne veut pas) des films vidéos de son enfant pendant le bain ou déballant des cadeaux de noël. Il circule avec un badge « bébé à bord » sur la lunette arrière de son auto : une sorte d’image pieuse des temps modernes, aussi utile qu’un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort.
Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcément de réponse. Car le parent gaga se sent obligé de tenir la terre entière au courant des progrès fulgurants de sa progéniture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « Noé a dessiné un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »)
Rien de plus limité que la conversation du parent sidéré parce qu’il a réussi à créer un être humain. Aussi lorsqu’un enfant paraît, les amis disparaissent. Il est vrai que c’est très vite le petit chéri qui répond au téléphone, ce qui fait qu’on a du mal à parler à ses parents : Jules organise un filtrage ultra efficace de tous les appels qui ne le concernent pas en raccrochant dès qu’il entend une vois d’adulte inconnue.
[…]
Avez-vous déjà rendu visite à des nouveaux parents accablés de jeunes enfants ? C’est effarant. Quand on arrive, vers vingt heure, les enfants ne sont évidemment pas couchés et sautent partout en criant. Pas moyen d’avoir une conversation tranquille entre amis, car leurs Gremlins vont et viennent en hurlant, font toutes les bêtises de la terre pour attirer l’attention, jettent des jouets sur les amuse-gueules. Tandis que les parents tentent de les calmer par de longues explications qui ne convainquent personne : « ma puce, il est vingt-deux heures et il est bon pour toi d’aller te coucher car le sommeil est réparateur », les invités se doivent de faire bonne figure et de ne pas montrer leur exaspération. Au bout d’une heure de charivari, l’invité se contient pour ne pas dire « Soit ils se calment, soit je me casse ».
Les joies de l’accouchement sont une intox totale. Sauf pour certaines femmes, dont le corps, probablement, est profilé sur le modèle du tube, l’accouchement fait mal, Très mal, même. Certes, les secours de la péridurale (anesthésie locale) sont d’une grande aide, mais même comme ça, accoucher est loin d’être une partie de plaisir. Personnellement, accoucher est ce que j’ai vécu de plus douloureux, de toute mon existence, il est vrai assez protégée. Les femmes qui disent « l’accouchement a été le plus beau moment de ma vie » me sont suspectes : depuis que j’ai accouché, je sais qu’elles mentent. Certaines, plus prudemment, déclarent : « je ne me souviens de rien », ce qui signifie souvent « Je ne veux pas en parler ».
La réalité, c’est qu’accoucher dure des heures, parfois une journée entière, qu’on est immobilisée comme un gros scarabée avec un tuyau planté dans le dos, que les contractions donnent l’impression que le ventre va éclater de l’intérieur …Un accouchement, c’est de la douleur, du sang et de la fatigue (et du caca aussi, parait-il, mais ça, c’est un cadeau pour la sage-femme ou le médecin)[…]
Mais le pire commence après l’accouchement. Le sentiment d’épuisement. Les plis sur un ventre qui ne sera jamais plus celui d’une jeune fille. Le face-à-face avec un brouillon d’être humain dont on va être responsable pendant d’interminables années. Michel Houellebecq évoque, dans « la possibilité d’une île » le « dégoût » légitime qui saisit tout homme normalement constitué à la vue d’un bébé. » En effet, un nourrisson qui vient de naître est laid à faire peur : face rougeaude et bouffie, traits inexistants, regard voilé d’une taie bleuâtre, tout en lui devrait nous inspirer la répulsion. Les jeunes parents, de plus en plus nombreux à orner leurs faire-part de naissance de photos de leurs rejetons, n’ont pas l’air de s’apercevoir qu’ils sont les seuls (avec leurs propres parents) auxquels ce type de clichés fait plaisir.[…]
Gardez vos amisC’est bien connu, l’amour rend bête. L’amoureux qui parle de sa dulcinée pendant deux heures d’affilée, en énumérant ses qualités et citant ses bons mots, saoule tout le monde. Il en est de même du parent ébloui, admiratif devant le produit de ses entrailles, qui lasse son entourage par un excès de dévotion parentale. Oui, celui-là même dont Courteline disait : « Un des plus clairs effets de la présence d’un enfant dans un ménage est de rendre complètement idiots de braves parents qui, sans lui, n’eussent peut-être été que de simples imbéciles. »
Le désastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n’est plus Evelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d’Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu’il est arrivé chez Evelyne et Jacques. Le parent émerveillée fait circuler sur internet des photos de famille mièvres, montre à qui veut (et qui ne veut pas) des films vidéos de son enfant pendant le bain ou déballant des cadeaux de noël. Il circule avec un badge « bébé à bord » sur la lunette arrière de son auto : une sorte d’image pieuse des temps modernes, aussi utile qu’un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort.
Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcément de réponse. Car le parent gaga se sent obligé de tenir la terre entière au courant des progrès fulgurants de sa progéniture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « Noé a dessiné un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »)
Rien de plus limité que la conversation du parent sidéré parce qu’il a réussi à créer un être humain. Aussi lorsqu’un enfant paraît, les amis disparaissent. Il est vrai que c’est très vite le petit chéri qui répond au téléphone, ce qui fait qu’on a du mal à parler à ses parents : Jules organise un filtrage ultra efficace de tous les appels qui ne le concernent pas en raccrochant dès qu’il entend une vois d’adulte inconnue.
[…]
Avez-vous déjà rendu visite à des nouveaux parents accablés de jeunes enfants ? C’est effarant. Quand on arrive, vers vingt heure, les enfants ne sont évidemment pas couchés et sautent partout en criant. Pas moyen d’avoir une conversation tranquille entre amis, car leurs Gremlins vont et viennent en hurlant, font toutes les bêtises de la terre pour attirer l’attention, jettent des jouets sur les amuse-gueules. Tandis que les parents tentent de les calmer par de longues explications qui ne convainquent personne : « ma puce, il est vingt-deux heures et il est bon pour toi d’aller te coucher car le sommeil est réparateur », les invités se doivent de faire bonne figure et de ne pas montrer leur exaspération. Au bout d’une heure de charivari, l’invité se contient pour ne pas dire « Soit ils se calment, soit je me casse ».
Inscription à :
Articles (Atom)