27/05/2006

Love Creeps D’Amanda Filipacchi

Lynn Gallagher, une des galeristes les plus influentes de New york a deux problèmes, elle est suivie par ce que les américains redoutent en ce moment et qu’ils appellent un « stalker » à savoir un traqueur. Un bonhomme bizarre la suit partout sans discrétion aucune : Alan. Le second problème qui la préoccupe, sans doute même plus que le premier, est qu’elle n’a plus aucune envie, envie de rien, et elle va finir pas quand même envier son traqueur (c’est déjà un début) d’avoir le visage rayonnant de bonheur et de désir pour elle. Son assistante Patricia va donc encourager Lynn à traquer elle aussi un homme…Mais Lynn qui n’a toujours envie de rien ne désire aucun homme, elle va néanmoins la pousser en lui disant que « peut être que pour avoir envie de quelqu’un il faut d’abord le suivre ». Et c’est ce qu’elle va faire. Elle va sortir, choisir un homme un hasard et commencer à le suivre. Cela va tomber sur Roland, homme d’affaire d’origine française, plutôt pédant qui va vite se trouver agacé par cette histoire de filature grotesque. Alan envoie des petits mots à Lynn :« A mon petit nounours empoupouté. Je vous empoupoute », il lui envoie aussi des lingeries et autres douceurs. Lynn se dit alors qu’elle doit faire de même en tant que traqueuse, mais vite lassée de ses mots insipides qu’elle ne sait pas écrire, elle s’empresse de recopier les même mots que ceux qu’elle reçoit, de telle sorte que Roland va recevoir lui aussi être un « nounours empoupouté ».
Ray le SDF du quartier est un ancien psychologue, il aimait tant son métier et se passionnait tant pour ses patients qu’il finissait par les harceler au téléphone toutes les heures pour savoir comment ils allaient, c’est ainsi qu’il se retrouva sans clientèle, et finalement SDF. Et c’est avec une curiosité qui le dévore qu’il va regarder passer cette troupe : Alan qui suit Lynn qui suit Roland, se retenant de leur demander ce qui se passe et pourquoi ils font ça. Le manège de Lynn agace aussi Alan qui va vite tenter de partager les parties de squash de Roland afin de savoir qui il est et comment il perçoit sa traqueuse. C’est là que Roland va lui montrer les petits mots ridicule qu’elle lui envoie, ainsi que les lingeries qu’elle lui promet de mettre pour lui…Alan est furieux que sa traquée utilise ses mots et ses cadeaux pour son traqué…

Voilà comment commence ce roman complètement surréaliste d’Amanda Filipacchi, qui met en scène des personnages cocasses mais au fond fragiles, qui nous entraînent dans une réflexion sur la séduction, la confiance en soi, et le désir.
C’est assez drôle, on a pas le temps de s’ennuyer, donc si vous avez une petite envie de légèreté je vous le conseille.
Incipit :

« Lynn traquait. Elle s’était mise à traquer pour raison de santé, mais le remède se révélait moins efficace qu’escompté. Lynn était en parfaite santé physique, c’était sa santé mentale qui laissait plutôt à désirer.
A trente deux ans, d’un seul coup, elle avait perdu toute envie. C’était la première fois que cela lui arrivait, et ses envies lui manquaient. Personne autour d’elle n’avait envie de rien. Elle avait fini par envier tous ceux qui avaient encore envie. C’était moins l’objet précis de leur envie qui lui faisait envie, que son intensité. Voilà pourquoi elle enviait par-dessus tout le type qui, vu qu’il ne la lâchait pas d’une semelle, devait avoir très envie d’elle.
A l’évidence, il ne souffrait pas du même problème mental que Lynn. Plutôt du problème inverse. Mais Lynn , comme la plupart des gens, pensaient bêtement que tout problème inverse au sien était forcément enviable, alors elle l’enviait. Et parce qu’elle l’enviait, elle l’imitait. »

« Farce trépidante, surréaliste et sexy sur la peur et la séduction à Manhattan, un endroit où tout le monde espionne tout le monde, « Love creeps » relève à la fois de la comédie à suspense et du traité philosophique sur la névrose amoureuse. C’est de loin le roman le plus drôle et le plus abouti d’Amanda Filipacchi » Bret Easton Ellis

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